HorreurPelot,PierreAux chiens écrasés - Pelot,Pierre by Pelot Pierre

HorreurPelot,PierreAux chiens écrasés - Pelot,Pierre by Pelot Pierre

Auteur:Pelot,Pierre [Pelot,Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Horreur
Éditeur: Fleuve noir
Publié: 1987-03-07T05:00:00+00:00


C’était un peu avant qu’ils ne déménagent une fois de plus, une dernière fois. C’était dans la maison de la cité ouvrière de la rue des Sabotiers – loin d’ici. La rue des Sabotiers n’avait de joli que son nom, et depuis toujours Marjorie avait appris à se souvenir du nom des endroits, des rues, ou Maman, et Papa (Jo), puis Lucien, avait successivement habité, dans des cuisines cernées par les autres appartements bruyants des voisins. C’était ce qu’elle devait savoir, en priorité. Son nom à elle – Marjorie Gros – et celui de l’endroit. « Au cas où tu te perdrais », disait Maman.

(Ici, ça ne ressemblait pas à une rue, pourtant ça s’appelait « rue du Pont-Louis ». A cause du pont sur la rivière, sans doute.)

Alors, c’était donc ce jour-là. Ils savaient qu’ils allaient déménager, c’était prévu, et Maman ou Lucien ne se gênaient plus pour dire ce qu’ils pensaient des voisins gueulards, ils ne se laissaient plus faire, ils criaient après les jeunes en mobylettes qui faisaient pétarader leurs engins jusqu’à très tard la nuit. Les jeunes, surtout ce grand Joël Jarrier, répondaient: « Ferme ta gueule, la morue ! » et Maman menaçait de lui casser la tête ou d’appeler les flics, ce qui faisait bien rire l’autre, parce que les gendarmes, si on les voyait souvent dans la rue des Sabotiers – encore plus souvent qu’ailleurs et qu’avant –, ça ne servait pas à grand-chose, ils étaient devenus une habitude, un mal qu’on prend en patience et dont on s’accommode, comme un rhume qu’on essaie bien d’éviter, si on y pense, mais avec lequel on fait, reniflant, si on l’attrape. Après c’était Lucien qui entrait dans la danse, malgré son dos fragile et ses maladies, et alors la discussion prenait une autre allure, s’éternisait quand même, mais finissait par s’éteindre sans qu’on sache qui avait gagné – parce que les jeunes continuaient de faire pétarader leurs engins, mais un peu plus loin, tandis que Maman et Lucien continuaient de les traiter de sales petits cons, en aparté.

Alors, ce jour-là, il était revenu avec le chien, qui prenait presque toute la place sur la banquette arrière de la voiture. Il avait dit que le chien s’appelait Naja qu’il l’avait eu pour une bouchée de pain, à un type qui tannait des peaux, empaillait des animaux et tressait des paniers, quelque part à l’autre bout de ce village-là – tout à fait autre part que dans la rue des Sabotiers et même ses environs.

Naja si grand, si noir, avec ses taches fauves. Déjà si maigre. Et les marques sur le cou d’un collier étrangleur dont l’homme qui empaillait les animaux n’avait jamais pris la peine de vérifier au fur et à mesure de la croissance de Naja, s’il n’était pas serré trop étroitement. La chair avait formé de petits bourrelets, sous les poils, aux emplacements ou les crocs de métal s’étaient incrustés petit à petit. A présent, Naja ne souffrait plus ce qui avait dû être



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